Marie a (presque) tout testé sur le plan professionnel sans que rien ne lui convienne vraiment, avant de se faire licencier.
Elle prend cet événement comme l’opportunité pour se poser les bonnes questions et explorer ce qui lui plaît vraiment : la brocante et la création de contenu.
Aujourd’hui, elle est une slasheuse épanouie. On lui a demandé comment elle avait mis en place ce nouveau quotidien professionnel et elle nous a tout raconté 😉
Bonjour Marie, peux-tu nous parler de ton parcours ?
Avant de commencer à travailler, j’ai suivi un parcours qu’on pourrait qualifier de “classique” en intégrant une prépa puis une école de commerce. J’ai commencé ma vie professionnelle dans une grande entreprise et je me suis vite rendu compte que ça ne m’allait pas.
À partir de là, mon parcours est devenu plus atypique. J’ai navigué du marketing à la logistique en passant par l’événementiel, les achats et la communication. J’ai même été commerçante en ouvrant ma propre boutique de souvenirs Made in France.
Quand as-tu senti que tu n'étais plus à ta place ?
Je me suis toujours sentie en décalage, c’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai testé plein de métiers différents. À chaque fois, ça ne convenait pas. À la boutique par exemple, je réalisais un rêve de petite fille mais je n’avais pas assez réfléchi à l’équilibre personnel et financier, ni au fait que j’allais être constamment enfermée à attendre la clientèle. Et la seule idée d’accomplir mon rêve ne suffisait pas à me faire supporter le quotidien. Ce que j’aimais, c’était acheter des objets, pas gérer une boutique.
Quel a été le déclic pour changer de voie ?
Quand je me suis fait licencier pour raisons économiques, j’ai eu des conditions de départ confortables : un bilan de compétences financé et un bon chômage. Je me suis penchée sur ce que je voulais vraiment faire, en prenant du recul sur mes différentes expériences passées.
Avant, je fonçais, mais cette fois-ci, j’ai décidé de prendre le temps. J’ai beaucoup tâtonné, rencontré des gens qui faisaient des costumes et de l’histoire de la mode dans des musées. J’ai suivi tout ce qui me passait par la tête quand je pensais à mon métier de rêve, tout en étant plus précautionneuse.
Comment t'es-tu lancée ? Est-ce que ça a été difficile de sauter le pas ?
En explorant les pistes dans mon bilan de compétences avec Misfit, je me suis rendu compte que mon projet s’éloignait de plus en plus du salariat. Et pourtant, le salariat, j’y tenais. Après mes expériences difficiles, je savais ô combien il était confortable que l’entreprise tourne même si on s’arrête de travailler pendant quelques jours, d’avoir des congés, un salaire et des avantages. Mais j’ai compris que si je voulais m’accomplir, devenir experte, creuser les sujets qui m’intéressent, il n’existait pas de poste salarié qui me le permette. Et j’ai dû en faire le deuil.
Puis j’ai fait appel à mon réseau, dans plein de domaines différents. J’ai fait des immersions qui n’ont mené à rien (ébéniste) et d’autres qui m’ont ouvert des portes (un stage chez une brocanteuse). J’ai fait des petites actions progressives, qui m’ont amenée à rencontrer des gens qui ont parlé de moi à d’autres, m’offrant ainsi des possibilités de travail en freelance.
Comment as-tu structuré et professionnalisé ton activité ?
Au départ, j’ai fait des missions ponctuelles (community management, rénovation de meubles…) puis j’ai fini par obtenir une mission régulière avec une entreprise qui travaille dans la décoration de seconde main et c’est ça qui me sécurise aujourd’hui.
J’ai structuré cette mission freelance, défini des jours fixes de travail, négocié mes tarifs et ma fiche de poste. Je fais un jour de présentiel : je bricole, je retape des meubles, je range, je ponce, je porte des choses ; et un ou deux jours d’administratif, de comptabilité, de communication et de recherches. J’ai aussi une autre mission plusieurs fois par an où j’écris aussi pour un magazine.
Ensuite, de mon côté, j’ai repris le compte Instagram de la boutique que je n’avais jamais fermé, sur lequel j’avais déjà 3000 abonné·e·s. Et j’ai commencé à créer de nouveaux contenus, des vidéos qui parlaient de brocante, puis des drops (petites ventes). J’ai commencé à chiner des pièces qui coûtaient autour de 50-70€, puis j’ai investi et stocké de plus en plus. J’ai petit à petit professionnalisé mon compte avec une vente et deux vidéos par semaine.
Le reste du temps, je travaille pour moi : je chine, je fais des vidéos, je fais des ventes en ligne et je gère l’envoi des colis.
Comment as-tu géré l'instabilité financière de ta reconversion ?
J’ai assez d’argent de côté (ce qui est une vraie chance) pour ne pas être inquiète au jour le jour et anticiper les difficultés. Mais ensuite, comme l’argent peut beaucoup me stresser, la première chose que j’ai faite, ça a été de chercher des missions en freelance, quitte à refaire de la communication ou du community management au cas où.
Quand j’ai trouvé ma mission récurrente, ce revenu mensuel est venu me rassurer et couvrir mes charges de base. Ce qui varie ensuite avec les ventes, c’est du bonus !
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Un an après, quel est ton bilan ?
Je suis passée par des phases de doute, mais je suis satisfaite de l’équilibre que j’ai installé. Je commence à avoir vraiment confiance dans le futur de ce projet même si je pense qu’il va encore bouger. J’ai d’ailleurs eu mon premier gifting d’influenceuse !
Même si je travaille 6 jours par semaine, je n’ai pas l’impression de travailler car chiner des objets à vendre et créer du contenu sont des activités dans lesquelles je prends beaucoup de plaisir. Le rythme est très confortable, et j’ai beaucoup de flexibilité dans mes horaires de travail que je peux adapter selon mon énergie. Je ne fais pas partie de ces personnes motivées par le dépassement de soi et qui s’accomplissent dans la douleur, j’aime y aller tranquille, et c’est même plutôt déroutant d’y prendre autant de plaisir.
J’ai des tâches très variées et ça me convient très bien. Ma mission en freelance équilibre bien ma semaine car cela m’apporte le plaisir de travailler en équipe que je n’ai pas dans mon autre activité.
Financièrement, pour une première année, je trouve que mes revenus sont encourageants. J’ai réussi à me dégager un revenu moyen de 1 600 € par mois après déduction des charges. Avec la renégociation et les optimisations à venir, je vise plutôt 2 200 €, voire plus. En ce moment, je suis dans la réorganisation : comment mieux vendre, mieux gérer mon stock, optimiser la logistique, prendre un local.
Aussi, je me suis rappelée d’un retour que j’avais eu dans mon dernier emploi salarié. Mon manager m’avait dit que j’étais toujours très négative et que ça pouvait peser sur l’équipe. Pourtant, cette année les personnes avec qui je travaille m’ont dit que c’était génial de travailler avec moi parce que j’étais toujours positive et partante pour tout. Comme quoi ! Parfois c’est dur d’y voir clair quand on a la tête dans le guidon, mais les autres peuvent aussi être de bons baromètres de notre bien-être au travail.
Les 3 conseils de Marie à une femme qui envisage de se reconvertir :
- Ne pas se comparer aux autres (ou comparer ce qui est comparable), car certaines personnes partent avec plus de chance que d’autres et cela ne veut pas dire que ce qu’on fait n’est pas bien. Allez-y mollo sur les podcasts d’entrepreneurs à succès, ou alors avec un œil très critique.
- Faire un bilan de compétences, si on peut, ça permet de voir où sont nos forces et faiblesses, nos envies et nos besoins et parfois cela aboutit à quelque chose de totalement différent de ce à quoi on s’attendait.
- Faire un maximum de stages d’observation et d’immersion car on fait souvent des projections irréalistes : ce qu’on n’a pas nous semble attirant alors que ce qu’on a nous paraît négatif.
- Faire ce qu’on peut aujourd’hui, même si c’est un tout petit pas. Mon premier post sur Instagram n’était pas incroyable, mais il m’a donné l’énergie de faire mieux et d’améliorer ceux qui ont suivi. Ne pas attendre que ce soit parfait ou de faire un grand pas (par exemple, moi, je n’ai toujours pas de logo ni de site internet ! )
Pour suivre Marie, rendez-vous sur son compte Instagram La supermarquette